Dans la mythologie chinoise, Dìyù 地獄 littéralement « Prison sous terre » est le royaume des morts ou "les Enfers".
Dìyù, basé sur la conception bouddhiste de la réincarnation combiné aux croyances traditionnelles chinoises incorpore également des croyances taoïstes.
Dìyù est un lieu de purgatoire où les âmes sont purifiées en vue de leur réincarnation.
Tout individu passe par Dìyù après la mort, mais la période de temps que l'on y passe n'est pas indéfinie, cela dépend de la gravité des péchés commis.
Le labyrinthe des Enfers
L'enfer est un gigantesque labyrinthe composé de nombreux niveaux souterrains et de chambres où les âmes sont emmenées pour se faire pardonner leurs péchés sur Terre. Le nombre exact de niveaux, et le nombre de déités qui y sont associées, diffère selon la perception bouddhiste ou taoïste.
Certains mentionnent "Dix tribunaux des Enfers " d'autres parlent des « dix-huit niveaux des Enfers ». Chaque tribunal dirigé par un juge traite d'un aspect de l'expiation et des différentes punitions, le tout est supervisé par Yánluó wáng 阎罗王,* le roi de l'Enfer.
C'est l'Auguste Empereur de Jade Yuhuang Dadi 玉皇大帝 gouverneur du Ciel et régent de la bureaucratie céleste qui a chargé Yánluó wáng 阎罗王 de superviser les affaires de Dìyù.
Le roi des Enfers dirige un petit personnel de démons souvent représentés avec une face animale, chargés de capturer les âmes que leur méchanceté a désigné à son attention et de tourmenter les damnés. Ces démons sont eux-mêmes des créatures ayant mal tourné ; leur fonction est ainsi une sorte de punition. À l’issue de leur peine, qui peut parfois être très longue, les âmes sont réinsérées dans le cycle des réincarnations après l’absorption d’une potion d’oubli.
Les dix-huit niveaux des Enfers
Les dix-huit niveaux des Enfers varient d'un récit à l'autre, mais certaines tortures couramment mentionnées incluent : être cuit à la vapeur ; être frit dans des chaudrons d'huile; être scié en deux; être renversé par des véhicules; être pilé dans un mortier et un pilon ; être broyé dans un moulin; être écrasé par des rochers; être obligé de verser du sang en grimpant aux arbres ou à des montagnes de couteaux; avoir des objets pointus enfoncés dans leur corps; avoir des crochets percés dans leur corps et être suspendus la tête en bas; se noyer dans une mare de sang sale ; être laissé nu dans le froid glacial; être incendié ou jeté dans des enfers ; être attaché nu à un cylindre de bronze avec un feu allumé à sa base; être obligé de consommer des liquides bouillants; déchirure de la langue; crevaison des yeux ; extraction de dents; creuser le cœur ; éventration; écorcher; être piétiné, encorné, mutilé, mangé, piqué, mordu, picoré par des animaux.
Les chambres des tribunaux
Chambre du vent et du tonnerre : les assassins et criminels (hormis les avares) y sont envoyés pour être punis.
Chambre du meulage : les avares qui ne donnent rien aux autres sont réduits en poudre dans cette chambre.
Chambre des flammes : pilleurs, voleurs et tricheurs y sont envoyés pour être brûlés.
Chambre de la glace : les enfants qui maltraitent leurs parents y sont placés pour être gelés.
Chambre des chaudrons d'huile : les violeurs, adultères et libertins sont frits dans l'huile, une fois envoyés dans cette chambre.
Chambre du démembrement par sciage : les ravisseurs et les hommes ayant contraint des femmes saines à se prostituer sont sciés dans cette chambre.
Chambre du démembrement par chariot : les corrupteurs et les seigneurs qui ont opprimé et exploité leur peuple sont attachés à un chariot pour être démembrés.
Chambre de la montagne de couteaux : les marchands qui font en sorte de gagner plus que ce qu'ils mériteraient en travaillant honnêtement, en montant les prix sans raison ou en mentant sur la qualité des marchandises, sont condamnés à gravir une montagne hérissée de couteaux et à y répandre tout leur sang.
Chambre de l'arrachement de la langue : ceux qui causent du mal avec leur langue (médisants, menteurs…) se la voient tout simplement coupée dans cette chambre.
Chambre du broyage : les meurtriers de sang-froid sont broyés dans cette chambre.
Chambre de la division du torse : les ingrats voient leur torse séparé en deux dans cette chambre.
Chambre des balances : les escrocs qui oppriment les innocents ou trichent sur la qualité des marchandises et les filles qui maltraitent leurs semblables sont condamnés à être pendus à l'envers par des crochets perçant leur corps.
Chambre de l'œil : les gens qui espionnent leurs voisins et regardent là où ils ne devraient pas se font arracher les yeux, qui sont jetés dans cette chambre.
Chambre du cœur : les sans-cœur se voient retirer le leur en creusant dans leur poitrine.
Chambre de l'éventrement : les espions, les hypocrites et les pilleurs de tombeaux sont éventrés dans cette chambre.
Chambre du sang : les blasphémateurs qui ne montrent aucun respect envers les dieux sont pelés jusqu'au sang dans cette chambre.
Chambre des larves : les escrocs qui corrompent la loi pour tricher sont jetés dans cette chambre pour être dévorés vivants par des larves.
Chambre d'Avīci : les escrocs ayant commis des crimes honteux, appauvri le peuple et trahi les règles sont placés sur une plateforme au-dessus d'Avīci (le plus bas « royaume » de Di Yu). Les malchanceux tombent de la plateforme et brûlent dans l'Avīci et les chanceux restent sur la plateforme. Ces esprits ne seront jamais réincarnés.
Le bouddhisme a joué un grand rôle dans la diffusion de l’image de l’enfer et des punitions terribles promises aux pécheurs.
Néanmoins, cet enfer se superpose à la représentation du monde des morts issue de la religion chinoise, le monde des morts est un reflet de celui des vivants, il est administré de façon similaire. Les démons, y sont, par exemple, des gardiens que la famille du défunt peut soudoyer par des offrandes de papier-monnaie, d’où l’importance des cérémonies en faveur des morts sans famille comme la fête des fantômes.
Une fois les fautes expiées, l’âme doit encore franchir une dernière étape et rencontrer la dame de l'oubli.
Mèng Pó 孟婆 , la dame de l'oubli
Mèng Pó 孟婆 ; littéralement : « Vieille dame fait boire la potion d’oubli – le bouillon ensorcelé míhún tāng 迷魂汤.
À cette fin, elle récupère des herbes qui poussent autour des étangs et des ruisseaux pour préparer son Thé de l'oubli aux cinq parfums . Son ingestion entraîne une amnésie immédiate et permanente.
Dans sa nouvelle existence, l’âme n’aura donc pas à souffrir du souvenir de son séjour en enfer ni de sa vie antérieure.
Mèng Pó accomplit ses tâches dans la 10ème cour. Mèng Pó attend les âmes mortes à l'entrée de la neuvième ronde fēngdū丰都 * la Cité des morts .
Mais dans la tradition chinoise, il existe aussi des légendes de naissances miraculeuses, où un nouveau-né est capable de parler parce que l'âme du bébé n'a pas bu le thé aux cinq parfums de l'oubli.
Yánluó wáng 阎罗王
dieu d'origine bouddhiste, gardien et juge correspond au dieu de la mort hindou, appelé Yama. (Yama dieu hindou de la mort , roi des ancêtres et juge final sur la destination des âmes)
Avīci
est, dans le bouddhisme, le niveau le plus bas du royaume de l'enfer, dans lequel les morts qui ont commis de graves méfaits peuvent renaître.
fēngdū丰都
La mort a son territoire, en lien avec une géographie du sacré dans ses rapports avec l’au-delà. Apparue dans les textes taoïstes de la période des Six Dynasties, ce qui était d’abord l’île des morts a progressivement dérivé, pour se fixer aux abords d’une bourgade à la pointe nord-est du Sichuan. Surnommée « Cité des esprits (infernaux) » ou « Ville fantôme » (guǐchéng 鬼城), Fengdu comptait à son apogée quelque soixante-dix temples dont la quasi-totalité ont été détruits pendant la Révolution culturelle ; une dizaine ont survécu, dans la montagne.
Comments