Dans la vision chinoise, la vie se forme au croisement du Ciel et de la Terre; l'homme est constitué d'une part céleste et d'une part terrestre. Les âmes Hun et le Po animent la vie.
L'homme a donc deux « âmes » et plus exactement deux groupes d'âmes car ni Hun ni Po ne réfère à une entité unique, mais plutôt à un ensemble. On parle en effet des trois âmes célestes hun (魂) et et des 7 âmes terrestres po (魄) .
Les âmes Hun et Po sont très importantes durant la vie mais bien plus encore après la
mort, où elles se séparent, les âmes hun montant au ciel et les âmes Po se dispersant sous terre.
«Les souffles célestes (tian qi天氣) forment l’âme spirituelle (hun魂) les souffles Terrestres (di qi地氣), l’âme corporelle (po魄). Qu’ils fassent retour à leur demeure primordiale et chacune gardera son logis.» (Huainanzi* ch.9)
LES CARACTÈRES HUN ET PO
Le caractère commun de Hun et PO est 鬼 gui (esprit de la terre)
Dans le cas de hun 魂, la partie spécifique est le caractère yún 云, qui signifie nuage
Les nuages dans dans l'immensité du Ciel deviendront une représentation des âmes Hun voyageant dans l'espace infini.
Le caractère 云 évoque aussi un mouvement ascendant vers le Ciel correspondant au Yang.
Dans le cas de po 魄, la partie spécifique est le caractère白qui se prononce bái et signifie blanc.
Une des premières associations faites avec les âmes Po fut celle des os, dont la couleur blanche évoque les morts. Mais les os sont aussi durant la vie le réceptacle de la moelle qui est la quintessence de substance vitale.
Les âmes Po sont étroitement associés à la vitalité corporelle et aux essences.
Le caractère bái 白, blanc va s'enrichir de plusieurs interprétations comme celle de l'arrivée du yin dans les saisons quand les gelées blanches de l'automne précèdent la neige de l'hiver. Le blanc représente alors un mouvement de retour à la Terre.
Le couple Hun et Po reflète deux autres couples : Ciel Terre et Yin Yang.
Âme céleste Hun 魂
Esprit vital, conscience Souffles célestes Yang shen 阳神 (Position verticale ascendante) | Âme terrestre Po 魄
Corps Souffles chthoniens Yin shen 阴神 (Position horizontale) |
âmes spirituelles, intelligentes, raisonnables | âmes corporelles, animales, sensitives, végétatives |
Ciel | Terre |
Yang | Yin |
Le ShuōwénJiězì (說文解字/说文解字) datant du II e siècle définit les Hun comme des souffles yang (yang qi陽氣) et les Po comme des esprits yin (yin shen陰神).
Il va s’agir durant sa vie de conserver l’équilibre et l’harmonie des souffles yin yang, avec la préséance des Hun, liés à l’intelligence spirituelle. (Dans le Ciel Terre, il y a toujours un ordre hiérarchique, une préséance du Ciel par rapport à la Terre. )
"Un emmêlement, une ondulation, et les Hun et les Po s’en vont, la vie (la personne et son corps,shen身) à leur suite, pour accomplir le Grand retour (da gui大歸). " Zhuang zi
Le culte des ancêtres
Durant la période des Zhou et des royaumes combattants les âmes n' avaient pas le même statut social, lune distinction était faite entre nobles et les non nobles. Seuls, le roi, les seigneurs et les nobles ainsi que les membres de leur famille pouvaient dans l’au-delà avoir le privilège d’une âme digne du culte des ancêtres.
Tous les nobles n’avaient pas la même qualité. Aussi, distinguait- on, tout en bas de l’échelle sociale de la Cour, les nobles de deuxième classe qui ne bénéficiaient d’une survie de l’âme que pour une génération. Les nobles de première classe jouissaient après leur mort d’une survie pendant deux générations et ne se dispersaient dans la masse qu’à la cinquième génération seulement.
Le processus normal était qu’à la fin de la période de survie accordée à l’ancêtre les héritiers enlevaient sa tablette pour la ranger dans un coffre en pierre réservé à cet usage et disposé dans une pièce consacrée dans la maison familiale.
Seuls les premiers ancêtres d’un grand Officier, d’un seigneur ou d’un suzerain étaient vénérés indéfiniment.
Avec la disparition de la noblesse féodale décimée par les guerres et l’avènement de l’Empire, anciens nobles et nouveaux riches se côtoyèrent à la cour impériale;
Le culte des ancêtres changea, ainsi les rites ne portaient plus sur la personne défunte de l’ancêtre en tant qu’entité, mais sur la tablette considérée comme sacrée.
Le Huainanzi 淮南子 ; pinyin : Huáinánzǐ) désigne un ensemble de vingt-et-un chapitres rédigés au IIe siècle av. J.-C., sous les Han Occidentaux. L'ouvrage aborde une grande variété de domaines : astronomie, médecine, cosmologie et mythologie, alchimie, sciences naturelles, philosophie, politique etc. Presque tous les grands courants de pensée des Qin et des Han y sont représentés : taoïsme,confucianisme, mohisme, légisme, théorie du Yin-Yang et des cinq éléments.,
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